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Jaws

Par admin jacob-holtzer, publié le dimanche 18 mars 2018 17:48 - Mis à jour le dimanche 18 mars 2018 18:06
Les élèves de secondes 3 et 4, les BTS2 et ceux de Super 8 se sont rendus dans notre cinéma partenaire, le Majestic pour découvrir le deuxième film de la sélection.

Grâce au dispositif Lycéens et Apprentis au Cinéma proposé par la région Auvergne Rhône-Alpes, les élèves de secondes 3 et 4, les BTS2 et ceux de Super 8 se sont rendus dans notre cinéma partenaire, le Majestic pour découvrir le deuxième film de la sélection.

Le film Jaws (les Dents de la Mer) sorti en 1975 est adapté du roman éponyme de Peter Benchley sorti lui en 1974. Ce film est considéré comme le premier blockbuster, production exceptionnelle à gros budgets générant des revenus également importants. Le blockbuster devient alors un genre propre dans le monde cinématographique. Ce film inaugure aussi l'ère du marketing puisque de nombreux produits dérivés sont disponibles.

 

1. Steven Spielberg, un petit nouveau dans le paysage cinématographique.

A cette époque-là, Steven Spielberg n'est pas habitué aux grands succès qu'on lui connaîtra par la suite. Il a produit un téléfilm intitulé Duel (1971) qui sort ensuite en salle et son premier long métrage, Sugarland Express est un échec. Il se lance alors dans l'adaptation d'un best-seller, qui va devenir un succès mondial. Pendant que les cinéastes comme Scorcese, Coppola et De Palma montrent la réalité historique de leur époque dans leurs films, Spielberg revient aux fondamentaux de la narration, à savoir faire rêver l'humain, le spectateur. On peut d'ailleurs voir des similitudes entre son premier téléfilm Duel et les Dents de la Mer : dans les deux films, on suit un homme dans un milieu hostile qui doit combattre une créature supérieure, dotée d'une force surnaturelle.

 

2. Les difficultés du tournage.

Le tournage n'est pas si évident, et ce pour plusieurs raisons :

  • le budget initial de 2.5 millions de dollars va être largement revu à la hausse car le film coûtera 12 millions de dollars au final: le tournage prévu pour 2 mois se prolonge sur 5 mois, des frais supplémentaires de logements à Martha's Vineyard, une île de Massachussetts, se rajoutent, de même que les prix de la location des combinaisons de plongée.
  • une autre difficulté de taille est liée au fonctionnement capricieux des faux- requins en Animatronique (animation électronique). Les robots marionnettes tombent en panne et il faut sans cesse les réparer.
  • une météo pas si estivale que ça: le film est censé se passer sur l'île fictive d'Amity, proche de New York. L'histoire se passe en juillet, pour la fête nationale du 4 juillet et on s'attend à voir un ciel bleu, du soleil, un temps estival. Hors, si l'on regarde bien le ciel des scenes sur la plage en journée, il est toujours triste et gris.

 

3. Le suspens au cœur du film : même 40 ans après, ça marche !

Nous avons recueilli les réactions des élèves après le film et pour la majorité d'entre eux, le film ne fait pas trop "vieillot". Certains ont sursauté car ils ont eu "la peur de leur vie" quand un cadavre surgit dans une cale de bateau enfouie sous les eaux. Spielberg a utilisé des ressorts efficaces pour plonger les spectateurs dans un état d'inquiétude à chaque fois que les baigneurs sont dans l'eau. Qui sera la prochaine victime ? Une femme d'une cinquantaine d'année, le chien qui joue dans les vagues, un enfant sur son matelas gonflable.

Deux éléments sont fondamentalement porteurs de cette intensité angoissante, ils ont fait l'objet de séances de travail en cours d'anglais.

  • la musique : les deux notes, mi et fa, se répètent de manière angoissante avec une accélération semblable à celle du requin qui fonce sur sa proie pour la dévorer; ou à des battements de cœur qui s'accélèrent avec l'angoisse. Le compositeur John Williams qui travaillera souvent avec Spielberg par la suite, s'est inspiré d'Igor Stravinsky et de l'ouverture de son Sacre du Printemps, dans le premier tableau l'Adoration de la Terre. On retrouve aussi ce schéma répétitif de deux notes dans Pierre et le Loup de Prokofiev. La musique joue un rôle central, elle est un personnage à part entière dans l'histoire. En effet, elle donne corps au requin car il n'est pas montré à l'écran pendant une longue partie du film. La première nageuse, par exemple, est observée en contre-plongée par une créature qui est dans la mer, puis elle est tirée vers le fond, secouée par une force invisible. Les spectateurs imaginent alors un requin, puisque l'affiche du film le montre clairement. Le squale apparaît à l'écran seulement au bout de la 5ème victime, de manière furtive, avec son aileron, sa silhouette qui glisse sous l'eau. On voit ensuite sa gueule énorme qui vient dévorer les bouts de viande que les marins de la ville d'Amity viennent lui jeter pour essayer de le piéger.
  • jeu du hors champ : dès son film Duel, Spielberg avait élaboré un travail réfléchi autour de la notion de hors-champ pour ménager le suspense. Dans ce film, un représentant en informatique voit sa vie menacée par un poids-lourd qui le poursuit sur des routes désertiques. Le téléfilm raconte donc cette interminable course-poursuite sans que l'on voit le chauffeur du camion. On perçoit des éléments du chauffeur, son bras, son pied mais rien de plus. Dans Jaws, Spielberg joue sur le hors-champ, cet espace qui n'est pas devant l'œil du spectateur mais qu'il perçoit cependant. "On a bien plus peur quand on ne voit pas le requin qu'à la fin où on le voit entièrement" ont expliqué les élèves ; et c'est bien là la preuve que Spielberg a réussi son effet.
  • l’affiche : Les élèves ont également travaillé sur la composition de l'affiche originale du film, affiche qui insiste entre le contraste entre deux mondes: celui au-dessus des vagues, identifié par la couleur blanche, symbole de pureté et le monde sous l'eau, où le bleu se fait de plus en plus profond et sombre au fur et à mesure que l'on descend dans les abysses. Ils ont bien sûr souligné l'écriture en rouge vif du titre, évocation directe de la couleur du sang et la taille presque surdimensionnée du requin qui est un personnage à part entière dans le film. Ils ont également étudié deux scènes du film : la scène d'ouverture où Chrissie est la première victime du squale et la scène dans le bateau où les trois protagonistes fraternisent autour d'une bouteille et comparent leurs cicatrices avant la chasse finale du requin.

 

Au programme pour la suite et grâce au dispositif Lycéens et Apprentis au Cinéma, un film de Jack Clayton sorti en 1961, les Innocents.